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" à mi-chemin ...sur les pas de Cybèle "
30 octobre 2009

Toussaint : "c'est la mort qui console et qui fait vivre ".

20070819verdun

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Victor HUGO (1802-1885)
(Recueil : L'année terrible)

Nos morts

Ils gisent dans le champ terrible et solitaire.
Leur sang fait une mare affreuse sur la terre ;
Les vautours monstrueux fouillent leur ventre ouvert ;
Leurs corps farouches, froids, épars sur le pré vert,
Effroyables, tordus, noirs, ont toutes les formes
Que le tonnerre donne aux foudroyés énormes ;
Leur crâne est à la pierre aveugle ressemblant ;
La neige les modèle avec son linceul blanc ;
On dirait que leur main lugubre, âpre et crispée,
Tâche encor de chasser quelqu'un à coups d'épée ;
Ils n'ont pas de parole, ils n'ont pas de regard ;
Sur l'immobilité de leur sommeil hagard
Les nuits passent ; ils ont plus de chocs et de plaies
Que les suppliciés promenés sur des claies ;
Sous eux rampent le ver, la larve et la fourmi ;
Ils s'enfoncent déjà dans la terre à demi
Comme dans l'eau profonde un navire qui sombre ;
Leurs pâles os, couverts de pourriture et d'ombre,
Sont comme ceux auxquels Ézéchiel parlait ;
On voit partout sur eux l'affreux coup du boulet,
La balafre du sabre et le trou de la lance ;
Le vaste vent glacé souffle sur ce silence ;
Ils sont nus et sanglants sous le ciel pluvieux.

Ô morts pour mon pays, je suis votre envieux.

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emile_friant_toussaint

Pensée des morts
Alphonse de Lamartine

Voilà les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon,
Voilà le vent qui s'élève
Et gémit dans le vallon,
Voilà l'errante hirondelle .
Qui rase du bout de l'aile :
L'eau dormante des marais,
Voilà l'enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts.

.........

Il jette par intervalle
Une heure de clarté pâle
Qu'on appelle encore un jour.

L'aube n'a plus de zéphire
Sous ses nuages dorés,
La pourpre du soir expire
Sur les flots décolorés,
La mer solitaire et vide
N'est plus qu'un désert aride
Où l'oeil cherche en vain l'esquif,
Et sur la grève plus sourde
La vague orageuse et lourde
N'a qu'un murmure plaintif.

toussaint_20

...........

Ainsi finissent nos jours !

C'est la saison où tout tombe
Aux coups redoublés des vents ;
Un vent qui vient de la tombe
Moissonne aussi les vivants :
Ils tombent alors par mille,

Comme la plume inutile
Que l'aigle abandonne aux airs,
Lorsque des plumes nouvelles
Viennent réchauffer ses ailes
A l'approche des hivers.

Toussaint

mort

.............
Leur tombe est sur la colline,
Mon pied la sait ; la voilà !
Mais leur essence divine,
Mais eux, Seigneur, sont-ils là ?
Jusqu'à l'indien rivage
Le ramier porte un message
Qu'il rapporte à nos climats ;
La voile passe et repasse,
Mais de son étroit espace
Leur âme ne revient pas.

Ah ! quand les vents de l'automne
Sifflent dans les rameaux morts,
Quand le brin d'herbe frissonne,
Quand le pin rend ses accords,
Quand la cloche des ténèbres
Balance ses glas funèbres,
La nuit, à travers les bois,
A chaque vent qui s'élève,
A chaque flot sur la grève,
Je dis : N'es-tu pas leur voix?

mort

Du moins si leur voix si pure
Est trop vague pour nos sens,
Leur âme en secret murmure
De plus intimes accents ;
Au fond des coeurs qui sommeillent,
Leurs souvenirs qui s'éveillent
Se pressent de tous côtés,
Comme d'arides feuillages
Que rapportent les orages
Au tronc qui les a portés !

..........................

chrysanthemes_varies

C'est une jeune fiancée
Qui, le front ceint du bandeau,
N'emporta qu'une pensée
De sa jeunesse au tombeau ;
Triste, hélas ! dans le ciel même,
Pour revoir celui qu'elle aime
Elle revient sur ses pas,
Et lui dit : Ma tombe est verte !
Sur cette terre déserte
Qu'attends-tu ? Je n'y suis pas !
.........................

C'est l'ombre pâle d'un père
Qui mourut en nous nommant ;
C'est une soeur, c'est un frère,
Qui nous devance un moment ;
Sous notre heureuse demeure,
Avec celui qui les pleure,
Hélas ! ils dormaient hier !
Et notre coeur doute encore,
Que le ver déjà dévore
Cette chair de notre chair !

L'enfant dont la mort cruelle
Vient de vider le berceau,
Qui tomba de la mamelle
Au lit glacé du tombeau ;
Tous ceux enfin dont la vie
Un jour ou l'autre ravie,
Emporte une part de nous,
Murmurent sous la poussière :
Vous qui voyez la lumière,
Vous souvenez-vous de nous ?
.............................

En avançant dans notre obscur voyage,
Du doux passé l'horizon est plus beau,
En deux moitiés notre âme se partage,
Et la meilleure appartient au tombeau !

fleur_de_chrysantheme

......................................

Ils t'ont prié pendant leur courte vie,
Ils ont souri quand tu les as frappés !
Ils ont crié : Que ta main soit bénie !
Dieu, tout espoir ! les aurais-tu trompés ?

Et cependant pourquoi ce long silence ?
Nous auraient-ils oubliés sans retour ?
N'aiment-ils plus ? Ah ! ce doute t'offense !
Et toi, mon Dieu, n'es-tu pas tout amour ?

Mais, s'ils parlaient à l'ami qui les pleure,
S'ils nous disaient comment ils sont heureux,
De tes desseins nous devancerions l'heure,
Avant ton jour nous volerions vers eux.

...................................................

Sont-ils noyés dans l'éternelle flamme ?
Ont-ils perdu ces doux noms d'ici-bas,
Ces noms de soeur et d'amante et de femme ?
A ces appels ne répondront-ils pas ?

Non, non, mon Dieu, si la céleste gloire
Leur eût ravi tout souvenir humain,
Tu nous aurais enlevé leur mémoire ;
Nos pleurs sur eux couleraient-ils en vain ?

Ah ! dans ton sein que leur âme se noie !
Mais garde-nous nos places dans leur cœur ;
Eux qui jadis ont goûté notre joie,
Pouvons-nous être heureux sans leur bonheur ?

..........................................................

Ils furent ce que nous sommes,
Poussière, jouet du vent !
Fragiles comme des hommes,
Faibles comme le néant !
Si leurs pieds souvent glissèrent,
Si leurs lèvres transgressèrent
Quelque lettre de ta loi,
Ô Père! ô juge suprême !
Ah ! ne les vois pas eux-mêmes,
Ne regarde en eux que toi !

........................................................
Mais toi, Seigneur, tu possèdes
Ta propre immortalité !
Tout le bonheur que tu cèdes
Accroît ta félicité !
Tu dis au soleil d'éclore,
Et le jour ruisselle encore !
Tu dis au temps d'enfanter,
Et l'éternité docile,
Jetant les siècles par mille,
Les répand sans les compter !

2012_5e_soleil

Les mondes que tu répares
Devant toi vont rajeunir,
Et jamais tu ne sépares
Le passé de l'avenir ;
Tu vis ! et tu vis ! les âges,
Inégaux pour tes ouvrages,
Sont tous égaux sous ta main ;
Et jamais ta voix ne nomme,
Hélas ! ces trois mots de l'homme :
Hier, aujourd'hui, demain !

Chaque semaine compte deux jours pour lesquels nous ne devrions
pas nous faire de souci, deux jours
où il ne nous faudrait connaître ni crainte, ni appréhension.

Le premier jour, c'est hier, qui porte le fardeau de ses soucis, de ses erreurs,
de ses fautes, de ses bévues, de ses souffrances et de ses chagrins.
Hier nous a échappé à tout jamais.
Tout l'or du monde ne pourrait le faire renaître.
Nous ne pouvons défaire les actes accomplis, les paroles prononcées.
Hier est un jour révolu.

L'autre jour qu'il convient de mettre à l'abri des soucis,
c'est demain, plein de grandes promesses,
de piètres résultats, de malheurs possibles et de fardeaux.
Demain échappe à notre emprise.
Jusqu'à son lever, nous ne pouvons miser sur rien,
puisque demain n'a pas vu le jour.
Le soleil se lèvera inexorablement dans la splendeur
ou derrière un voile de nuages. .

Il ne nous reste donc qu'aujourd'hui.
Tous nous pouvons livrer bataille pendant une petite journée.
Nous ne faiblissons et ne chavirons que si le poids d'hier et de demain
- ces deux terribles éternités - s'ajoutent aux inquiétudes d'aujourd'hui.

Ce ne sont pas les expériences d'aujourd'hui qui nous désespèrent,
c'est l'amertume du remords de la veille et la crainte de demain.

À CHAQUE JOUR SUFFIT SA PEINE ! GrecoOrgaz

Ô Père de la nature,
Source, abîme de tout bien,
Rien à toi ne se mesure,
Ah ! ne te mesure à rien !
Mets, à divine clémence,
Mets ton poids dans la balance,
Si tu pèses le néant !
Triomphe, à vertu suprême !
En te contemplant toi-même,
Triomphe en nous pardonnant !

hier_aujourd_hui_demain

chrysantheme_348940

PS/ j'ai allégé le 2ème poème !

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Commentaires
D
je ne peux pas rester plus longtemps ici (dimanche familial, petit repas bonheur à préparer...) mais je sais déjà, avant de dérouler plus avant, qu'ici je me sentirai au plus près de la vie... même et surtout sur ce post ! merci...
M
France 76 76 <br /> Belgique 16 16 <br /> Royaume-uni 3 3 <br /> États-unis 1 1 <br /> Égypte 1 1 <br /> Corée, république de 1 1 <br /> Suisse 1 1 <br /> Maroc
H
Bien sûr nos chers disparus restent si présents ... mais il me faudra relire "à chaque jour suffit sa peine" pour aborder demain et le jour d'après un peu plus sereine !<br /> quel billet Michèle, si riche et qui donne à "voir" .. merci !<br /> @micalement<br /> Hespérie
M
LA PENSEE DU JOUR<br /> <br /> Nous ne sommes différents de l'an dernier,<br /> tout comme les personnes que nous aimons.<br /> Est-ce un heureux hasard si, transformés,<br /> nous continuons à aimer une personne qui a changé ?<br /> Somerset Maugham
P
Et de ce jour qui s'annonce, je serais uni nu à la glaise, pauvre petit hématome fécondé par les coups, mais vivant tout comme ce pan de ciel bleu qui se déploie en moi et je m'unirais vieille articulation à tous ces nuages blancs comme des anges, ils me serviront de béquilles, de médiateurs pour franchir l'ultime frontière et je dirais Père Eternel, me voici enfin ...<br /> <br /> Pat ♫♫♫♥♥♥
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" à mi-chemin ...sur les pas de Cybèle "
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