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" à mi-chemin ...sur les pas de Cybèle "
3 novembre 2007

Se remettre d’un échec !

PSYCHOLOGIE
Se remettre d’un échec
Par Jean-François Lang

Qu’il soit professionnel, sentimental ou sportif, l’échec peut nous renforcer ou nous affaiblir, voire nous détruire. S’il est préférable de l’éviter, comment s’en remettre quand il est trop tard ?

Il est peu de personnes qui n’aient pas connu l’échec. Et ceux qui ne l’ont pas connu sont à plaindre, car c’est signe d’une faible envie de progresser. En effet, celui qui échoue s’est donné des objectifs au-dessus de ses possibilités, celui qui n’échoue jamais ne connaît pas ses possibilités puisqu’il ne les a jamais dépassées. Que penser d’un sauteur en hauteur qui n’aurait jamais fait tomber la barre ? Les plus grands champions font toujours tomber la barre à leur dernier saut, c’est d’ailleurs pour cela que c’est le dernier ! Or, le championnat ne retiendra que leur avant-dernier saut : celui qui a été réussi.

Pourquoi est-il normal de perdre ?

Mais la vie n’est pas un championnat et les échecs qu’elle nous fait vivre sont autrement plus douloureux. On pourra néanmoins retenir de la comparaison sportive qu’apprendre la vie, c’est composer avec les échecs et les réussites et qu’une vie sans échec n’est qu’une vie aseptisée, bien lisse et sans grand intérêt. Nous avons tous appris à marcher en composant avec les chutes, tous appris à lire en ânonnant, à embrasser en serrant trop fort… c’est à ce prix que nous courrons, avons fait des études supérieures et enlaçons tendrement nos enfants. Nous avons également rencontré l’échec sentimental, amoureux ou amical : un échec scolaire, une amitié déçue, une attente vaine de promotion, des amours perdues après maints efforts qui se sont révélés inutiles, une association catastrophique… les exemples ne manquent pas. Pas si facile de s’en remettre, en tout cas moins facile que ne l’ont été les chutes des premiers pas ou les embrassades maladroites. La plupart du temps, nous réagissons par l’inhibition, nous n’avons plus le courage de repartir au combat pour une nouvelle victoire, mais pourquoi ?

Pourquoi est-il préférable de gagner plutôt que perdre ?

La chimie de notre système neurologique nous donne une bien meilleure explication que la psychologie. Notre corps est programmé pour survivre, d’abord survivre. C’est pour cela que, dès que nous commençons à perdre, dès que notre cerveau entrevoit une probabilité de perdre, il réagit comme il le fait depuis des centaines de milliers d’années ; il nous oblige à assurer notre survie par la fuite. Il envoie donc dans notre organisme des endorphines qui ralentissent nos gestes, affaiblissent nos muscles, réduisent notre champ de vision, atteignent notre moral de façon à nous obliger à cesser le combat et nous mettre en sécurité, au détriment de l’honneur, de la fierté, de la colère… Le cerveau se chargera ensuite d’associer le malaise à chaque souvenir des conditions de cet échec, de façon à nous décourager d’affronter le danger qui nous a dépassés (ou en tout cas, nous a dépassés un moment donné). C’est pourquoi plus nous perdons, plus nous sommes programmés pour perdre. Le jeune dragueur éconduit sera bien moins sûr de lui avec sa prochaine rencontre, donc aura moins de chance de la séduire, risquera plus facilement l’échec, donc sera encore moins sûr de lui, donc… Le sauteur à la perche se sera fait tellement mal quand la perche aura cassé, qu’il hésitera à appuyer trop fort. Résultat ? Il n’appuiera pas assez fort pour passer la barre…

La spirale de la réussite

L’inverse fonctionne également : quand nous gagnons (un combat par exemple) nos réflexes sont de plus en plus rapides, notre champ de vision plus large, nos coups de plus en plus forts… nous avons donc plus de chances de remporter le prochain combat. La belle femme que tous les hommes tentent de séduire a renforcé son assurance avec les années à tel point qu’elle est encore plus séduisante, donc plaît encore plus. Le sauteur qui passe largement verra son enthousiasme le porter beaucoup plus haut qu’à l’entraînement.

- Qu’est ce qu’un gagnant ?

Un gagnant n’est pas une personne qui ne compte que des réussites, mais une personne qui en connaît assez pour alimenter la spirale de la réussite et ne pas tomber dans celle de l’échec. Les deux se renforçant elles-mêmes une fois qu’elles sont enclenchées. Un gagnant est une personne qui sait choisir ses combats et qui, en cas d’échec, se remet rapidement en situation de réussir… la prochaine épreuve. Choisir son ou ses combats est une qualité essentielle du gagneur. En effet, nous devons éviter de nous engager dans des combats que nous ne gagnerons pas, même pour la gloire, même pour le principe ; tout simplement parce que l’échec engendre les comportements de fuite ou d’inhibition et que même les combats bien choisis donnent assez d’occasions de perdre pour ne pas provoquer le sort. Le gagnant ne pense jamais « On verra bien quand on y sera », c’est le dilettante qui dit cela. Ni ; « Je vais faire de mon mieux », c’est l’idéaliste qui pense ainsi. Le perdant raconte à tout le monde ce qu’il va faire quand il gagnera, le gagnant ne dit à personne ce qu’il fera s’il perd.

- Choisir ses combats

Quand nous nous engageons dans un projet, nous évaluons nos chances de réussir ; la nature nous a appris cela. Un petit animal chétif n’attaque jamais un gros prédateur parce qu’il évalue ses chances de réussite et y renonce. C’est pourquoi seuls les animaux de force égale s’affrontent. Mais nous, singes évolués, avons souvent perdu cette sensation, du moins dans les combats virtuels que nous offre la civilisation (travail, relation, argent, confiance…). Le bon combat répond à des critères pourtant simples et de bon sens.

- Vouloir (avoir envie)

Beaucoup de combats sont perdus parce que nous ne voulions pas vraiment gagner. Avant de nous engager, vérifions si la victoire nous motive vraiment. Que vais-je obtenir si je gagne ? Vérifions si c’est bien notre objectif que nous poursuivons et non le projet des autres (parents, conjoint…) et si la victoire nous apportera vraiment ce que nous attendons (reconnaissance, plaisir…).

- Pouvoir

Beaucoup de combats sont perdus car hors de notre portée. Soit qu’ils étaient irréalistes, soit qu’ils exigeaient un potentiel supérieur au nôtre. Nous avons échoué parce que nous nous sommes attaqués à un défi que nous ne pouvions pas relever, parce que, malgré nos efforts, nous n’avions ni le talent, ni les prédispositions pour réussir. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas rêver : de grandes choses se sont bâties sur des rêves… réalistes.

- Avoir

Se donner les moyens de ses ambitions est une condition qui se cumule aux deux autres. Le gagnant sait comment il va gagner, il évalue les moyens nécessaires à la victoire et se les procure. Il ne s’engage que s’il est sûr de disposer des moyens que suppose la réussite. Ces moyens peuvent être de l’argent, du temps, des remises en question, des renoncements à d’autres objectifs… c’est ce que les athlètes appellent des « sacrifices ». Chaque victoire significative a un prix, le gagnant est prêt à le payer.

Sortir de la spirale de l’échec

Pour ceux qui ont vécu un échec ou une suite d’échecs, le problème est de sortir de la spirale échec-inhibition-échec. Ils n’ont plus la force de se battre, donc de gagner parce que leur chimie interne le leur interdit, pour leur éviter absolument un nouvel échec. Pour le cortex cérébral, il vaut mieux un corps inhibé ou fuyant qu’un corps mort. Comment se battre contre son cerveau reptilien ?
Pour dépasser un échec, c’est bien connu, rien de tel qu’une réussite. C’est ce qu’ont compris les cavaliers qui obligent le cheval ayant fait tomber une barre difficile à ressauter une barre facile, de façon à effacer l’échec pour ne laisser en mémoire que la réussite. Notre cerveau ne fonctionne pas autrement. Pour nous sortir de l’inhibition et de la peur de l’échec, il faut nous remettre en situation de réussite… facile. D’abord parce qu’une réussite difficile nous ferait courir le risque d’un échec ensuite parce que nous ne sommes, à ce moment-là, pas capables de relever des défis ambitieux. Il s’agit de reprogrammer le cerveau à nous libérer les bonnes substances. De petites réussites faciles provoquent de petits shoots, puis des réussites moyennes des shoots plus importants. Quand viendront les combats plus difficiles, nous serons partiellement reprogrammés et donc capables de les gagner.

- Analyser l’échec

Avant de se lancer dans un tel programme, il conviendra de faire le point sur les raisons de l’échec à dépasser. Il est courant d’entendre ou de lire « Il faut positiver les échecs ». Ceux-là n’en ont certainement pas vécu de bien dramatiques. Il n’est aucun avantage à trouver à un échec. La réalité est bien moins lyrique. Il est nécessaire d’examiner les causes de l’échec à l’aune des trois conditions sus-décrites : en avais-je vraiment envie ? Avais-je le potentiel pour réussir ? Ai-je disposé des moyens nécessaires ? Si cet échec est associé à une compétition, il est alors nécessaire de vérifier si cette compétition est bien saine (voir encadré). Une fois cette étape assimilée, il faut tirer les leçons de cette expérience.

- Apprendre à ne pas renouveler les mêmes erreurs

Tirer les leçons d’un échec ne sert qu’à apprendre à ne pas renouveler les mêmes erreurs. L’expression « positiver l’échec » pourrait laisser entendre qu’il y a un intérêt à échouer. Entendons-nous bien : il n’y en a aucun. C’est parce que l’échec est là qu’il « faut bien » positiver, c’est-à-dire que, tant qu’à avoir subi un échec, autant en retirer quelque chose. Or, c’est sûrement ce qu’il y a de plus difficile à faire. Un vieux perdant très expérimenté disait « On fait toute sa vie les mêmes erreurs ». C’est en effet, le lot des récidivistes : ils n’apprennent pas de leurs erreurs, ne se remettent pas en question, cherchent des coupables, se trouvent des excuses, évoquent la malchance… Certains vont même jusqu’à en vouloir au gagnant de ne pas lui avoir laissé sa place. « Je me voyais déjà, en haut de l’affiche, dit le chanteur avant de conclure : C’est la faute du public qui n’a rien compris… »

- Faire le deuil

Accepter l’échec et ses conséquences, accepter sa responsabilité, accepter la nouvelle réalité qui doit faire place aux rêves qu’avait nourris le combat… c’est ce qu’on appelle faire le deuil. Ce deuil passe par une étape de déni (je refuse d’admettre que j’ai échoué), puis par la colère, ensuite par la tristesse. Faire l’économie de ces étapes, faire l’économie du deuil, c’est construire les prochains combats sur du sable, sur les ruines encore fumantes du chantier précédent. Se précipiter dans les bras d’un autre, juste après un échec sentimental, c’est s’assurer un nouvel échec. Poursuivre la relation amicale après trois trahisons, c’est s’assurer une nouvelle catastrophe.

- Tourner la page

Se remettre en situation de pouvoir gagner, voilà le plan réaliste de celui ou celle qui a un mental de gagneur.  Sentimentalement, pourquoi s’acharner à prouver à l’autre qu’elle a eu tort, lui démontrer qu’elle fait une erreur… tournez la page et mettez-vous en situation de construire une autre relation sur des bases plus saines (ce qui devrait être facile puisqu’elle a eu tort de vous quitter !). Combien débutent leur histoire en racontant : « Je voulais être médecin, mais… » ou encore « Si je n’avais pas été blessé, je serai champion... ». Les bistrots sont pleins de poivrots qui auraient pu devenir quelqu’un « si… », tant qu’ils n’auront pas tourné la page, le patron leur servira encore beaucoup de verres.

-  Se remettre en selle

Une fois ce travail d’analyse et de préparation effectué, il faudra repartir au combat.
Reposé, plus fort des leçons intégrées, plus aguerri… et débuter par une barre très basse, facile à passer, puis la relever progressivement, au fur et à mesure que l’assurance revient et un beau matin, on a l’impression que tout est possible, la force est revenue, plus dense, plus consistante, plus vraie… on est sorti de la spirale de l’échec, prêt à enclencher celle de la réussite.
La plupart des grandes réussites sont jonchées d’échecs. Le gagneur est celui qui sait les dépasser.

Les_Monts_d_Or_Novembre_2007_080

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Commentaires
M
Le "commentaire " est arrivé 2 fois ...je gonfle, je gonfle, mes chevilles enflent , je vais exploser en vol....
J
et la part d'héroïsme, Mimi, je crois que vous l'offrez tous les jours.... et çà nous fait beaucoup de bien ! si parfois, nous, bien portants, arrêtions de nous regarder le " nombril " et regardions un peu plus autour de nous ( souvent des personnes trés proches !), peut être que la vie nous semblerait " encore " plus belle , nous qui n'avons pas de bouteilles à porter à charrier, qui nous couchons le soir sans avoir a brancher quoi que ce soit .... juste en se disant : pourvu que je dorme bien cette nuit !<br /> Merci Mimi !..... un petit Mars.... et çà repart !<br /> allez bizzz
C
des choses interessantes, notamment sur le deuil!<br /> bise et bonne semaine
J
Michèle,<br /> <br /> Nous sortons d’un très beau film japonais, primé à Cannes, « La forêt de Mogari »… Une métaphore sur la sagesse, la vie, la mort… <br /> <br /> Et une aide de vie (dans une maison pour personnes âgées) dit à un moment une phrase qu’un de ses amoureux lui a laissé dans la vie : « Il n’y a pas de règles formelles, sais-tu ? ».<br /> <br /> Elle dit ça à une jeune qui se demande si elle agit bien ou mal, qui se demande ce qu’elle doit faire. Juste : « Il n’y a pas de règles formelles, sais-tu ? ».<br /> <br /> Autrement dit, tout est bien, tous les chemins, toutes les solutions, tout ce que chacun invente pour tenir… <br /> <br /> Ce que chacun fait de sa vie contient une part magnifique, une part d’héroïsme, une part de divin<br /> <br /> J’avais simplement envie d’ajouter ça à ton commentaire…
M
Je vais vous avouer avoir reçu cette analyse par email d'un ami qui m'est cher, connu au début de ma carrière, nos chemins se sont séparés mais nous avons eu des moments forts en émotion où nous nous sommes retrouvés, pas tous les jours certes, mais chaque fois nous étions très heureux...il a "boosté" Rémi dans son orientation, il a toujours été présent dans des évènements importants (l'adoption de Rémi , tout au long de ma carrière...).J'ai lu et relu plusieurs fois ce texte, j'ai essayé de me positionner et retenu des mots clés pour réfléchir sur ma vie, mon vécu.."échec " il y en a eu des imprévisibles, d'autres que j'aurais pu éviter si j'avais plus réfléchi, au lieu de faire confiance...<br /> "notre corps programmé pour survivre" je le pense vraiment car sans cette programmation je ne serais plus de ce monde !!<br /> "chance" , "fuite", "sort", projet"..."pouvoir" mais aussi vouloir !<br /> "sacrifices" il y en a eu beaucoup, et il y en aura encore que je le veuille ou non .<br /> <br /> "spirale : échec "<br /> "spirale : réussite " cette figure géométrique , cet enchaînement m'interpelle...comment en sortir ? indemne ?<br /> <br /> FAIRE LE DEUIL , difficile, comme TOURNER LA PAGE...parfois impossible pour moi et cela me fait beaucoup de mal, et je lutte pour me forcer à tourner la page (Marie...tu te souviens de...mes confidences au début de ma présence dans ce monde des blogs, j'ai sur le coeur une page que je n'arrive pas à tourner, je me dis que je suis conne, que je devrais oublier, mais un mal me ronge encore malgré moi...et reste une obsession omniprésente)...<br /> <br /> "la plupart des grandes réussites sont jonchées d'échecs.Le gagneur est celui qui sait les dépasser" ..je n'aime pas ce mot GAGNEUR , et puis facile à dire mais pas facile à faire, il y a des obstacles insurmontables , j'en sais quelque chose...quel beau mérite que d'accepter ce qui nous (me) diminue !!! je me torture l'esprit avec cet état de fait ! Le mérite , sans doute, peut-être ? mais à quel prix souvent ...<br /> <br /> Là je crois que je vais stopper, je me suis laissée aller sur mon clavier, pour vous deux : Marie , Dunia.<br /> <br /> Ma phrase fétiche, souveraine, quand le spleen m'envahit comme une pieuvre voulant m'emprisonner est celle-ci : " je vais continuer ma lutte, je vais vivre , je les emmerde tous...".<br /> <br /> Mars et çà repart !!
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