ici je vais déposer quelques mots de ta vie
et ces photos retrouvées
avec au dos
septembre 39
décembre 39
mars 1940 "attaque des allemands" jour de Pâques
maman et toi 15-6-42
toi papa , tu me manques tant depuis 13 ans
!
Papa est fait prisonnier. Je rapporte ici ses propos sur cette période pleine de difficultés, à partir de là et par la suite, outre l’intérêt historique de son témoignage qui est probablement un des points forts de mon livre , il révèle tout le caractère du personnage...qui aura une influence déterminante sur ma personne ; un petit carnet noir où il écrit au jour le jour quand il le peut semble-t-il quelques mots durant ces temps où s’est installée la : séparation de la France en 2 zones suite à l’invasion, déroute de l’armée, vote des pleins pouvoirs à Pétain .
« 14/06/40, le soir ce fut l’encerclement, la prise de pas mal de copains du régiment par une division allemande…dans la nuit….la compagnie atteint le 15 au matin Mery sur Seine ….Le colonel essaie de nous faire passer mais hélas arrivé à Rilly st Cyr les allemands nous trouvent sur la route…le colonel nous donne sa bénédiction et nous conseille de partir par petits groupes, je suis donc parti avec mes copains pour atteindre .…. Ste Marie ( ?)
le 16 /06/40 au matin pour me faire faire hélas prisonnier vers les 11h , ramené dans un bois où j’ai passé la nuit le matin du 17/06/40 reparti de ce bois pour…………. Ambeterre Courbe après la fouille , l’heure avait sonné et c’est là que commence la vraie vie de prisonnier à ne rien manger, coucher une nuit et partir le 18 au matin pour le camp de Mailly (Aube)…x km sans rien manger.
Volontaire pour travailler à l’extérieur, donc parti du camp le 23/06/40 pour Drouilhy….rentrer à Mailly le 1/7/40.
14 juillet journée de cafard avec le double souvenir que ce jour là m’avait donné…
21 journée calme mais le cafard.
Une carte retrouvée destinée à M & Mme Berthier :
« Jeudi 25/7/40 …arrivée le 26 août !
Biens Chers Parents
Je suis en bonne santé prisonnier de guerre, je me trouve bien .
Vous recevrez bientôt mon adresse.
Bons baisers
Robert »
Le lundi 5 août parti du camp de Mailly en camion avec une boule de pain, fromage pour faire 250 km passé par Château Thierry, Compiègne……j’ai rêvé à ma chère ninette que je n’oublie jamais.
13 août journée bien monotone en pensant à ma ninette sans pouvoir lui souhaiter sa fête.
Un peu de l’amélioration à l’ordinaire…
16 août écrit à Mme Berthier par la xrouge …
28 août jour de cafard, beaucoup songé à ma petite femme chérie que j’adore et de savoir qu’aujourd’hui c’est son anniversaire , ses 20 ans que j’aurais été si content de lui souhaiter, hélas prisonnier …je me résigne….par la pensée.
30 août 40 parti du parc à fourrages de Senlis pour Compiègne qui m’a fait mauvaise impression surtout pour la nourriture à côté de Senlis le couchage assez bon ! Lit paillasse malgré cela le cafard réapparaît.
31 août 40 : 1er courrier régulier avec ma Ninette , avec l’espoir d’une prochaine réponse.
Le samedi 7 /9/40 écrit à Mr. et Mme Berthier
Ecrit par la poste civile à Ninette et Mme Berthier le 17 sept 1940.
Ecrit à M et Mme Berthier le 28 septembre 40. Colis.
Ecrit à Ninette ma chérie le 5/10/40…… »
Samedi 25/9/40 : une carte postale …ma petite femme chérie…..tes 3 lettres reçues ce matin….irrégularité du courrier…
Certes il est prisonnier mais fermement décidé à ne pas se laisser embarquer pour une destination qui pourrait conduire au pire, aux camps de la mort, ou tout du moins vers l’inconnu.
Embarquement dans des wagons à bestiaux où, quand, comment ?
Le train chargé roulait vers le nord, vers la Belgique et puis après avoir passé la frontière, que va-t-il arriver.
Un arrêt dans une gare, une fouille, un allemand fait sauter le fil de fer qui tenait le wagon bien fermé, il examine rapidement ces hommes entassés comme des bestiaux, son regard croise celui de papa, il insiste, le fixe ; papa remarque ce signe, la porte du wagon se referme, papa écoute, il n’entend pas le bruit du fil de fer bloquer la poignée…le train démarre lentement, mitraillé de chaque côté par des projecteurs, nuit noire.
Papa regarde 3 copains il explique son projet, très vite il faut sauter de ce train, avant qu’il ne soit trop tard, s’évader pour échapper à une destinée, sans doute terrible.
L’allemand leur a donné une chance, il faut la saisir. Papa fait glisser la porte du wagon : qui m’aime me suive, il fallait le faire, il l’a fait il a sauté le 1er et les 3 autres l’ont suivi. Les marchepieds leur frôlaient le dos, les projecteurs continuaient à balayer les voies, la peur au ventre il réalise : si un marchepied est plus bas que les autres : c’est la mort…
Non ce n’est pas l’heure : il roule sur le bas côté des voies, il fait nuit noire, le train s’est éloigné, les projecteurs sont devenus invisibles, la forêt est proche pour se cacher…: ils se retrouvent sains et saufs.
Ils marchent inlassablement, pour regagner la zone dite « libre », mais les allemands sont omniprésents et le risque d’être repris est grand, tant pis : il faut aller jusqu’au bout, ne pas reculer, s’évader pour de bon.
Trouver à manger était une priorité quotidienne, mais il faut aussi des habits…en pleine campagne ce n’est pas aisé…Enfin un bistrot sur le chemin, il n’est pas facile pour 4 soldats français en déroute de passer inaperçus.
Mais cette période a vraiment été celle de la solidarité et de la fraternité : ne pas se poser de question, entrer dans le café sous le nez des allemands bien occupés à boire.
La patronne a tout de suite compris et les a fait passer dans une pièce à côté, ils ont pu changer de tenue, se restaurer et repartir vers le sud…à pied….longue route dangereuse…
un peu de train, dans la clandestinité totale….
pour enfin débarquer en gare de Ruines près de St Flour. Un des 4 camarades, Émile Cussac, était originaire d’Anglars ,près de st Flour. La maman d’Emile a eu un tel choc, qu’elle est tombée en syncope !
Revoir son fils, vivant alors qu’elle n’y croyait plus !
C’est là-bas qu’il a fallu se séparer, se procurer des faux papiers, tout en se méfiant à chaque instant.
Robert a pris la direction de Lyon sans hésitation : il savait que Ninette l’attendait…
Nous avons entendu maintes fois ce récit de l’évasion, pourtant à chaque fois nous l’écoutions toujours avec le même recueillement.
Papa avait été sollicité par une de mes collègues professeur d’histoire pour témoigner. Les élèves de 3ème avaient devant eux « un évadé » qui par son courage avait échappé aux camps de concentration.
Il était fier d’être écouté par des élèves qui à l’époque étaient aussi les miens au collège Emile Zola .
Je suis en train de me rendre compte en écrivant ces lignes, qu’il faut avant tout être vrai avec les jeunes.
Mon père m’a donné aussi cet instinct de survie, le don du sourire, et tant d’autres valeurs qui ont forgé ma personnalité, mon caractère.
Le sens du travail bien fait était aussi de rigueur !
Chasser de son vocabulaire des phrases :
*je suis fatiguée
* les verbes se plaindre, gémir
En revanche : lutter, se forger une volonté de fer…
étaient ses valeurs…qui sont devenues les miennes.
Dans l’immédiat après-guerre la vie n’était pas facile, la France est à reconstruire.
Robert et Ninette recherchent un fonds de boucherie à la portée de leurs moyens.
voilà ici un témoignage pour toi qui vit toujours dans mon coeur
"le temps passe les souvenirs restent"
13 ans se sont écoulés
Rémi était dans l'année de ses 13 ans
il ne t'a pas quitté des yeux jusqu'au dernier instant
depuis chaque jour nous évoquons ta présence
pour un oui / pour un non
si "pépé" était là ...
il dirait de ...
faire ainsi...
car il faut l'avouer
il avait toujours raison
il aimait tant son "chapuzot"
depuis cette photo du dimanche 5 octobre 1986
Rémi a grandi et pris les bonnes habitudes de son "pépé Robert"
soyons heureux et fiers d'avoir hérité de Lui
de continuer sur ses pas
un chemin
celui de notre vie
sans lui
infos : texte personnel , photos personnelles , juste 2 images du web (enseigne + chemin du bonheur)
ce chiffre 13
13ème anniversaire de Google