Quand à ton sol la soif fait que l'herbe se meurt,
On laboure à l'entour, comme fait le semeur
Pour couler dans ta sève les nuées de la mer.
Et tes feuilles d'argent sur tes rameaux posées
Recueillent du matin les gouttes de rosée
Et rangent de riches perles en collier d'épousée.
Tu éclairas le monde, ses temples, ses chemins.
Tu es l'arbre du pauvre, tu adoucis son pain.
Sans toi serait brouet le banquet des rupins.
Dans ma pensée tu es présent à tous mes âges.
Dans les jardins, dans la forêt, dans le pacage.
Tous mes chemins passèrent à travers ton bocage.
Tu es l'arbre du peuple, des princes et des morts,
Mais au fond de mon âme qui là-bas rôde encore,
Tu es de ma jeunesse le plus beau des décors.